1.
La Libra est une cryptomonnaie mondiale mise au point
par Facebook en association avec
une vingtaine d’institutions. Elle sera soutenue
par une réserve et basée sur la technologie blockchain. Elle permettra aux
usagers du monde entier d’envoyer, de recevoir,
de dépenser et de stocker leur argent à partir de leur téléphone. Elle se
propose de créer à un système financier mondial plus ouvert. Pour les initiateurs,
la Libra est une devise numérique fiable et une
infrastructure qui permettra de concrétiser les promesses de « l’Internet de
l’argent » et qui répondra à des besoins profonds du monde.
Logo de la Libra |
2.
Les initiateurs sont convaincus que :
- « davantage de personnes devraient avoir accès à des services financiers et à des capitaux bon marché.
- une circulation monétaire mondiale, libre et instantanée créera d’immenses opportunités économiques et commerciales dans le monde entier.
- une devise mondiale et une infrastructure financière doivent être conçues et régies comme un bien public.
- le développement de l’inclusion financière, le soutien des intervenants éthiques et la défense continue de l’intégrité de l’écosystème relèvent de notre responsabilité commune ».
3. Plus qu’une
cryptomonnaie, la Libra se veut être une devise et une infrastructure
financière mondiales, qui donne lieu à un nouveau système financier au service
de milliards de personnes. L’objectif est que « la Libra soit
acceptée couramment et aussi facile à utiliser que possible, afin de créer une
devise fiable et pratique qui peut être utilisée au quotidien ».
4. La Libra favorisera
l’inclusion financière à l’échelle mondiale. En effet, « 1,7 milliard
d’adultes dans le monde sont encore exclus du système financier et n’ont pas
accès à une banque traditionnelle, alors qu’un milliard d’entre eux possèdent
pourtant un téléphone portable et que près d’un demi-milliard ont accès à l’Internet
(Livre blanc Libra) ».
5. La Libra est une cryptomonnaie différente des autres notamment de Bitcoin.
Elle est entièrement soutenue par une réserve d’actifs réels en dollars, Euros
et Yens afin de renforcer la confiance envers sa valeur intrinsèque. Tout
sera mis en œuvre pour garantir sa stabilité. Elle servira surtout comme une
monnaie de paiement, de réserve de valeur sans favoriser la spéculation.
6.
La Libra favorisera
la réduction des coûts des transactions financières. Aux quatre coins du monde,
les services financiers coutent chers. «Les frais financiers pouvant atteindre
jusqu’à 30 $ pour un emprunt de 100 $ seulement (Livre blanc Libra)».
Les gens restent exclus du système
financier existant parce qu’ils ne disposent pas de fonds suffisants, les frais
sont trop élevés et imprévisibles, ils vivent trop loin des banques, et ne
disposent pas de la documentation nécessaire. La Libra « peut
également conduire à une véritable avancée vers un système financier mondial
low-cost, plus accessible et plus connecté ».
7.
La simplicité. « La
protection de vos actifs financiers sur votre appareil mobile doit être simple
et intuitive. Un transfert d’argent mondial doit être aussi simple et
économique (sans compter encore plus sûr !) que l’envoi d’un texto ou le
partage d’une photo, quels que soient votre lieu de résidence, profession ou
salaire (Livre blanc Libra) ».
8.
Libra est reposée sur trois piliers : une blockchain sécurisée, évolutive et
fiable, une réserve d’actifs conçue pour lui offrir une valeur intrinsèque, une gouvernance plurielle représentée par une
Association indépendante Libra, chargée de guider l’évolution de
l’écosystème. Ces éléments garantissent un système financier plus inclusif
et aussi stable.
9.
Libra n’est pas
la propriété de Facebook, mais d’une organisation indépendante à but non
lucratif basée à Genève, en Suisse. Son but est d’offrir un cadre de
gouvernance et de coordonner le réseau et la réserve. Elle vise également à
fournir des subventions à impact social pour favoriser l’inclusion financière. Les membres
de l’association Libra seront issus d’entreprises, d’organisations à but non
lucratif et multilatérales, ainsi que d’institutions universitaires. Ils sont
une vingtaine et le projet vise une centaine. Parmi eux : PayU, Facebook/Calibra, Spotify AB, Uber
Technologies, Vodafone Group. Mais aussi des Universités, des organisations
à but non lucratif comme Mercy Corps et
Women’s World Banking.
10. La Libra fait peur. Visa, Mastercard, PayPal, Ebay et Booking qui
faisaient partie de l’Association Libra, se sont retirés du 4 au 14 octobre
2019. Ils ne veulent pas appuyer le système financier qui va les ubériser et
disrupter.
11. Libra fait aussi peur aux Etats qui se prenaient pour les maitres du
Monde : USA, France et Angleterre. Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, le 12
septembre 2019, ouvrant les débats du OECD Global Blockchain Policy Forum, affirmait
qu’une société privée «ne peut pas et ne doit pas créer une monnaie souveraine
qui pourrait être en concurrence avec les monnaies des Etats». Pour Donald
Trump, «Si Facebook et les autres entreprises veulent devenir une banque, elles
doivent rechercher une nouvelle charte bancaire et être soumises à toutes les
réglementations bancaires, tout comme les autres banques, nationales et
internationales ((https://francais.rt.com, 25 oct. 2019).»
Les membres fondateurs de l'Association Libra |
Facebook, la
plus grande presse du monde, YouTube, la plus grande chaine de télévision,
Google, le plus grand centre de recherche, Wikipédia la plus grande encyclopédie,
Uber, le plus grand transporteur terrestre, AirBnb, le plus grand hébergeur,
Amazon et Alibaba, les deux plus grands magasins de la planète. Il ne nous
restait que la plus grande banque du monde : Facebook et une vingtaine d’institutions
s’associent pour nous l’offrir. Cette initiative fait peur aux anciens maitres
du monde. S’ils arrivent à détruire le fœtus dans le ventre du géant, ses résidus
renaitront ailleurs avec les mêmes ou d’autres initiateurs. Et probablement
sans propriétaire, comme Bitcoin.
Nonais Derisier, 1er Novembre 2019
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